Quand on pense à l’industrie dans les Ardennes d’autrefois, on cite le textile et la métallurgie ; on oublie alors l’ardoise. Qu’y a-t-il de plus profond que l’ardoise, ce schiste qui façonne en partie la roche, le socle de notre territoire ? Françoise Bourdon ne l’a pas oublié qui nous a offert en 2004 Le Maître ardoisier.

À la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième (de 1863 à 1919), l’auteur dépeint la vie de deux familles autour de l’ardoise. Dans la Vallée de la Meuse, le patron (les Warlet) et l’ouvrier (les Lefort) travaillent l’ardoise, et qu’on soit patron ou ouvrier, c’est dur.

Dans ce roman, il y en a pour chaque lecteur : les fleurs bleues pourront se contenter de la double saga qui entrelace les destins, et où les femmes tiennent un rôle important ; les régionalistes se régaleront des détails concernant la vie et le travail des écaillons ; et ceux qui ne prennent pas parti apprécieront un roman bien tenu et qui reflète bien le passé de notre département.

La première moitié du roman jusqu’à l’été 1914 dépeint l’industrie de l’ardoise à travers les vies d’hommes et de femmes. Cette première partie aurait pu s’appeler Mémoires d’ardoise qui est précisément l’ouvrage que l’un des personnages féminins rédige et réussit à faire publier en 1914. Ce livre dans le livre clôt la première partie du roman. Là s’ouvre une seconde partie, bien poignante et qui traite avec précision d’un aspect assez méconnu de la Première Guerre mondiale : l’occupation allemande des Ardennes qui fit subir aux Ardennais privations et brimades, quand ce ne fut pas plus, laissant le département exsangue. Le triste tableau est réaliste.

Pour égayer tout ça et parce que j’adore quand on mange dans les romans et quand l’auteur nous donne des recettes de cuisine, arrêtons-nous un instant sur le gâteau cocotte en temps de guerre et à l’occasion du baptême de l’un des personnages :

« Elle avait travaillé trois jaunes d’œufs avec cinq cuillères de sucre, ajouté cinq cuillères de lait, deux cuillères de margarine fondue, tout en déplorant une nouvelle fois ne pas avoir de beurre sous la main, cinq cuillères de farine et enfin les blancs montés en neige. L’appareil ainsi obtenu, versé dans une cocotte bien graissée, cuisait une bonne demi-heure au four avant qu’Honorine n’ôte le couvercle de la cocotte et ne laisse dorer le gâteau. »

Avant d’aller à vos fourneaux, procurez-vous Le Maître ardoisier. Ce roman fait-il partie de la littérature régionale populaire et de qualité ? Ah ça oui ! D’autant plus populaire qu’on peut se le procurer au format et au prix poche. Que votre toiture soit d’ardoise ou de tuiles, du moment où vous vivez sous le ciel des Ardennes, il serait bien d’avoir lu Le Maître ardoisier de Françoise Bourdon.

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