12. Un drôle d’oiseau

 

De retour dans la salle, je demandai à Hugo de téléphoner à la brigade afin que celle-ci se renseigne auprès des confrères en charge du territoire domiciliaire de notre monsieur Piepie-Vanvan. Je dus lui répéter deux fois cette longue phrase et quatre fois le prénom et le nom de la victime.

– Et sois assez gentil pour ranger le matériel dans la voiture, s’il te plaît.

De mon côté, j’allais quérir à la cuisine Rose Alonde pour un premier interrogatoire.

– Ah, madame Grumillon, j’allais oublier. Pourriez-vous me préparer un bon café ? Merci d’avance.

J’invitai la demoiselle Alonde à s’asseoir dans le coin jugé apte aux interrogatoires. Rose était une petite femme brune, toute fluette, presque plate, assez jeune encore, un physique d’oiseau, le nez trop long, un type un peu laid, mais sympathique. Je posai sur la table mon bloc-notes et mon dictaphone. Je mis ce dernier en marche.

– Vous êtes mademoiselle Alonde, vous n’avez pas trente ans, et vous êtes au service de monsieur et madame Grumillon à l’auberge des Quatre Etoiles.

– Pour être exacte, on m’appelle Rose, j’ai vingt-huit ans, j’habite rue du Lavoir, ici, à Bayencourt, et je fais le ménage et les chambres à l’auberge. C’est loin d’être un plein-temps, vu que les chambres restent vides la plus grande partie de l’année. Je fais le ménage du rez-de-chaussée une fois par semaine. Et quand madame Grumillon est fatiguée ou qu’il faut faire des extras, je suis assez disponible, c’est vrai.

– Cela vous suffit-il pour vivre ?

– Non, je fais aussi le ménage chez le notaire, vous savez, le maire. Je vais parfois aider à la boucherie quand c’est la saison du cochon et qu’il faut faire du boudin, ou encore à la boulangerie quand c’est la saison des communions.

– Et c’est tout ?

– Non, je plume depuis peu les dindes rouges chez Margot Versaine. C’est sympa et on rigole beaucoup. Et je vais classer les livres à la bouquinerie quand monsieur Pirolet a reçu une cargaison. Ça aussi, j’aime bien. D’ailleurs je suis par correspondance une formation pour être documentaliste-archiviste-bibliothécaire.

– Vous connaissiez la victime ?

– Monsieur Marou ? Bin, pas plus que ça. Il venait à l’auberge une fois par an, plus ou moins à la même époque, depuis plusieurs années. Et un type comme ça, au village, ça se remarque.

– Dans quelles circonstances avez-vous découvert que monsieur Marou était mort ?

– C’est ce matin, à six heures quand je suis allée lui porter son petit-déjeuner. Il le voulait toujours à l’aube. Mais c’est bien trop tôt pour la patronne. Alors comme j’ai une clé de la porte de derrière, j’étais dans la cuisine à cinq heures quarante-cinq pour préparer le plateau et à six heures j’étais dans sa chambre. La porte était curieusement entrouverte. Quand j’ai vu le bazar, je n’ai pas compris tout de suite. Mais très vite je me suis rendu compte qu’il était mort. J’ai crié, le plateau est tombé. Je criais toujours quand monsieur Grumillon est arrivé. C’est affreux !

– N’avez-vous pas trouvé bizarre le fait que le client était tout nu ?

– Je ne vois pas ce que vous voulez dire.

– Vous m’avez dit que vous avez une clé de l’auberge.

– Oui. Ah je vois… Vous n’allez tout de même pas m’accuser ?

– Où étiez-vous hier soir et cette nuit ?

– J’ai passé la soirée chez ma sœur pour garder mes neveux. Elle et son mari étaient allés voir le match. Puis ils ont fêté la victoire jusqu’à trois heures du matin. Je suis rentrée à Bayencourt juste après leur retour. J’étais au lit à trois heures trente du matin.

– Où habite votre sœur ?

– À Sedan, rue de la Terre aux Cailloux. Vous voulez aussi le numéro ?

– Pas pour l’instant. Je vous remercie, mademoiselle Alonde.

 

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