43. Bonjour la confiance !
En repassant le long du jardin de l’auberge, je vis Charles-Edouard Arlan se lever pour me demander sur un ton excédé et suffisant à la fois :
– Ça va durer encore longtemps, cette mascarade ?
– Dans moins d’une heure, dis-je, tous les masques vont tomber.
Les conversations sous la tonnelle tombèrent, elles, immédiatement. Je laissai mes suspects à leur silence, poursuivis mon chemin vers la place et entrai dans l’auberge par la porte principale. Hugo était assis à une table, l’œil dans un microscope.
– Où est le docteur Louvette ?
– Ah, c’est toi, Antoine. Louvette ? Elle a été appelée pour une urgence. Elle n’a pas eu le temps de ranger son matériel. Je lui ai promis de le faire, mais je n’ai pas pu résister à regarder là-dedans.
– Qu’est-ce que tu observes ?
– Une miette de galette au sucre.
– Et qu’as-tu fait des fibres ? De la fibre ?
– Ne t’inquiète pas. Tout est rangé, étiqueté, classé. J’ai tout mis dans la voiture.
– Fermée à clé.
– Ah non. Je vais le faire. Ah, le docteur Louvette m’a remis ça pour toi.
Hugo me tendit une enveloppe. Décidément, la communication avec Alice Louvette se ferait encore une fois par écrit. J’ouvris et lus les quelques mots écrits sur une carte de visite aussi grande que l’enveloppe. C’est bien ce que je pensais. Ma journée tournait à sa fin. J’allais maintenant pouvoir dénouer les nœuds de cette affaire.
– Alors Antoine, qu’est-ce qu’elle a écrit ? Tu sais, la doctoresse, elle n’a rien voulu me dire. Bonjour la confiance !
– Tu le sauras en temps voulu.
– Bonjour la confiance et la collégialité !
– Gendarme Magogneau, vous allez dire aux suspects sous la tonnelle de rentrer à l’auberge et de se tenir prêts dans la salle à manger pour une dernière audition. Vous les y tiendrez à carreau.
– Oui, chef. Tout de suite, chef.
Je sortis de nouveau par la porte donnant sur la place, fit tranquillement le tour du bâtiment et gagnai la tonnelle. Amédé m’y attendait avec une tête en point d’interrogation.
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