Le 25 janvier 2019, j’ai eu le grand plaisir de pouvoir m’entretenir avec Yanny Hureaux. Vous pouvez retrouver l’entretien en cliquant ici.  Ce jour-là, à Gespunsart, après plus ou moins trois quarts d’heure d’enregistrement, je remerciai monsieur Hureaux et stoppai la prise de son. Mais l’auteur de la Beuquette continua la conversation. Avec sa permission, je pus enregistrer quelques minutes supplementaires. Les voici :

Transcription de l’entretien :

Yanny Hureaux : Le courrier le plus ardent que je reçois – vous savez, j’en ai des caisses, de courrier depuis 25 ans -, c’est la diaspora ardennaise, c’est les Ardennais exilés. Parce que… puis je vais vous raconter une paire d’anecdotes… c’est les Ardennais exilés qui souffrent… parce que l’Ardennais… le vrai en tout cas… c’est quelqu’un d’enraciné… donc souvent il a dû s’exiler, soit pour des raisons familiales, soit souvent pour trouver du travail parce qu’il n’y en a plus ici. Eux, ce sont des lecteurs – vous n’avez idée – accrochés à la Beuquette. Je pourrais vous raconter deux anecdotes. Par la Beuquette et par mes livres, je me suis lié d’amitié avec un Ardennais qui était pilote de chasse dans l’armée de l’air, qui maintenant est pilote d’essai chez ATR, à Toulouse, donc il va dans le monde entier. Il lit la Beuquette tous les jours sur internet. Il m’envoie parfois un message du Vietnam ou du Chili. Et une autre anecdote locale, enfin pas locale mais proche, non pas planétaire, on va dire : je suis allé dédicacer l’autre jour à Reims. Le journal a tenu à le faire, moi je ne voulais pas le faire, je ne me suis occupé de rien. J’ai horreur de ça, mais c’était un geste affectif de leur part. On m’envoie à Reims, dans une librairie. Et là, il est essentiellement venu, évidemment, des Ardennais exilés à Reims. Il y a une dame, d’un âge certain, qui me dit… qui m’embrasse comme du bon pain… et qui me dit : « C’est grâce à votre Beuquette que j’arrive à tenir le coup à Reims, parce que Dieu sait comme les Ardennes me manquent. Et grâce à vous, j’y suis tous les jours. »

Jérôme Paul : C’est gentil !

Yanny Hureaux : Oui, c’est gentil. C’est plus émouvant que vous le pensez. C’est ça, l’enracinement ! Une autre anecdote. L’autre jour, il vient un journaliste qui faisait justement une présentation du livre. Il avait l’air sceptique, non pas sceptique, mais quand je lui ai dit : j’ai des caisses de courriers, j’ai été en chercher une. Je lui ai dit : Allez-y, puisez une lettre au hasard. Et le hasard a fait les choses, parce que, il a sorti une lettre d’une Américaine, une Ardennaise qui a épousé un américain, qui vivait au Texas, qui m’écrit en me disant : « Ma cousine qui habite Charleville m’envoie… » – parce qu’à l’époque il n’y avait pas internet, c’était le début de la Beuquette, il y a 25 ans – « elle découpe la Beuquette, elle m’en envoie un paquet de temps en temps aux Etats-Unis. C’est merveilleux, c’est mon pays, etc. » Et elle, elle les envoyait à une autre Ardennaise qui vivait au Chili. Vous vous rendez compte ? Le circuit !

Jérôme Paul : La Beuquette fait le tour du monde.

Yanny Hureaux : Il était sidéré ! Il a sorti ça par hasard. Je crois qu’il l’a sortie parce que c’était une jolie carte, un peu décorée.

Jérôme Paul : Oui, c’est très amusant, très émouvant en même temps.

Yanny Hureaux : Non, mais vous ne pouvez pas… vous savez, ça, ce sont des choses qu’on peut difficilement raconter.

 

(ré)Ecoutez l’entretien avec Yanny Hureaux :

Entretien avec Yanny Hureaux