Avec Le bois de lune, je clôture l’ensemble des quatre romans de Françoise Bourdon qui se déroulent dans les Ardennes. Par ailleurs, ils ont, tous les quatre, fait l’objet d’une édition commune sous le joli titre Les dames de Meuse, titre tout à fait adéquat puisque chacun de ces livres a une héroïne pour personnage principal et un fort ancrage dans le département.
La forge au loup, Le maître ardoisier et Les tisserands de la licorne (cliquez sur les titres pour lire les chroniques qui leur sont consacrées) sont des romans où l’action se déroule entre la Meuse et la forêt ardennaise, qui ont chacun pour cadre une industrie emblématique des Ardennes, des romans qui se passent entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe.
Le roman Le bois de lune répond pleinement à ces caractéristiques. Cette période est propice aux drames (la guerre de 1870, celle de 14-18). Elle est riche en conflits de classe (les bourgeois propriétaires de petites entreprises, les ouvriers, les syndicalistes, les communards). Françoise Bourdon utilise cette époque avec finesse dans ses romans ardennais.
L’ancrage ardennais est d’ailleurs partout présent aussi bien avec les lieux (la Vallée de la Meuse, celle de la Semoy, Charleville, etc.) que dans la culture (la cuisine par exemple), mais surtout, dans ce roman, l’ancrage est forestier. Françoise Bourdon nous plonge dans les métiers dépendants de la forêt : aussi bien l’exploitation du bois que sa transformation en charbon, meubles ou sabots ; sans parler des activités annexes comme la chasse, le braconnage ou la contrebande puisque le paysage est frontalier à la Belgique.
Le titre du roman – Le bois de lune –, si poétique qu’il soit, ne doit pas nous entraîner vers des rencontres amoureuses par des nuits étoilées. Le bois de lune désigne le bois volé en forêt la nuit.
C’est un titre emblématique pour l’histoire d’Eloïse, fille d’un communard, coureuse des bois pour qui vivre nécessite un combat constant et parfois en marges des normes et des lois pour affirmer son indépendance, pouvoir marcher la tête haute. Le destin d’Eloïse, c’est bien du bois volé, illégal, une rébellion contre le système établi, qui lui fera aimer un homme d’une autre classe sociale – car il y a toujours au moins une histoire d’amour dans les romans de Françoise Bourdon.
La forêt du roman, celle des Ardennes, c’est aussi un milieu sauvage, rude, difficile à apprivoiser, où le sanglier peut encore tuer un homme. Mais c’est aussi une héroïne, Eloïse, qui réussit à dominer la forêt, à en devenir sa déesse, son Arduinna. Faisons donc honneur aux dames de Meuse – Eloïse tout comme ses consœurs des trois autres romans, mais aussi leur autrice, Françoise Bourdon -, et après une bonne lecture, plaçons ces livres dans la bibliothèque de la Cacasse littéraire.
Vous pouvez vous procurer le roman dans nos librairies ardennaises ou en ligne en cliquant sur la vignette suivante:
Retrouvez les chroniques des autres romans ardennais de Françoise Bourdon :
Le Maître ardoisier, de Françoise Bourdon, mémoires d’ardoise et des Ardennes
Les Tisserands de la Licorne, de Françoise Bourdon, triple ancrage ardennais
La forge au loup, de Françoise Bourdon, le fer, nos aïeux et les Ardennes
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