17. Une couleur de peau qui ne fait pas trop locale

 

Le téléphone sonna. Magogneau décrocha. C’était la brigade. J’expédiai le Charles-Edouard à la cuisine. J’attendis que mon gendarme finisse de prendre ses notes, qu’il raccroche et vienne faire son rapport.

– Bin dit donc, Antoine, cet Arlan, il est un rien puant.

– Pas si fort, Hugo. Il est à côté.

– Je trouve ça bien louche, son histoire de passer la soirée avec la victime quand il y a un match de foot à la télé. Pas tant que le foot puisse intéresser le Parigot, mais la victime, eh bien la victime, elle a une tête, même décédée, à regarder des matchs de foot.

Je demandai à Magogneau si son adjectif décédée qualifiait dans son esprit la victime ou la tête de la victime.

– Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ?

– Rien. Allez ! Au rapport.

– La brigade a téléphoné à la brigade.

– Continue.

– Le Marou Piepie-Vanvan habite bien là où ses papiers l’indiquaient. Un hameau qui a poussé dans une clairière on ne sait quand. Trente habitants. À part les retraités du cru, le reste, c’est tous des gens travaillant à la ville. Le Marou Piepie-Vanvan est arrivé dans ce trou il y a une dizaine d’années. On ne sait pas vraiment de quoi il vivait. Mais apparemment il ne travaillait pas. Toujours chez lui à faire son potager, à couper du bois. Il paraît que c’était un farceur qui plaisait aux dames, et qu’il n’était pas rare qu’il ramène chez lui, le soir, une femme, toujours différente. Du moins, c’est ce qu’on dit. D’autres disent que c’est un sorcier, vu sa couleur de peau qui ne fait pas trop locale.

– Rien de plus précis ?

– Non. Pourquoi ?

– Tu vas téléphoner à la brigade et demander le numéro de téléphone des collègues. Je vais leur dire, moi, comment travailler.

– D’accord. À part ça, Antoine, qu’est-ce que tu penses de l’affaire ? Facile ou difficile ?

– Pour l’instant, je ne pense rien. J’écoute.

– Si c’est un sorcier, peut-être qu’un autre sorcier lui aurait jeté un sort et qu’il en serait mort d’une crise cardiaque étouffante. Qu’est-ce que tu en penses ?

– Arrête de raconter des conneries.

– Parce qu’on ne tient jamais assez compte de la sorcellerie dans la gendarmerie.

– Hugo !

– Moi, je trouve que ce serait peut-être une piste.

Avec Hugo, il y a parfois des limites qu’il faut savoir poser. Sur un ton un peu ferme et d’une voix un peu plus forte, je fixai la limite, un peu tard, je l’avoue, mais, ce n’est pas vous qui avez veillé toute la soirée et une partie de la nuit sur les milliers de supporters ardennais dans les rues de Sedan en train de fêter la victoire de leur équipe. A peine au lit, endormi avec peine, et bien peu, les supérieurs vous réveillent et vous envoient de nouveau au front. Nous étions fatigués.

– Gendarme Magogneau, téléphone.

– Tout de suite, chef !

 

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