Souvenirs d’André Paul
La Grande Guerre, c’est aussi les territoires occupés et les privations et brimades qu’on y vécut. Dans ses souvenirs, André Paul, alors adolescent, nous raconte la vie quotidienne et extraordinaire des Sedanais de 1914 à 1918.
Au début des années 1970, André Paul écrivit ses mémoires qu’il destinait à ses neveux et petits neveux. La première partie de ses souvenirs concerne sa jeunesse à Sedan, de 1900, année de sa naissance, jusqu’à son départ pour le service national début 1920, texte écrit à Nice et fini en 1975. Le titre exact de ce texte est Une famille protestante avant et pendant la 1ière guerre (14-18) ou les souvenirs d’André Paul. Contrairement à la partie relative à la Belle Epoque qui ne relate que des événements familiaux, celle propre à la Grande Guerre parle de l’occupation de Sedan, de la vie des Sedanais en général et de certains Sedanais en particulier.
Extrait :
Tout cela nous avait amenés au début de juillet 1914. Comme disait le Dr Panglos : tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cette douceur de vivre, cette euphorie qui nous paraissait toute naturelle, et devoir durer infiniment. Il n’y avait en apparence aucune raison de changement, surtout pour nous, enfants, qui ne savions pas encore mesurer l’importance des évènements. Il y avait bien eu l’attentat de Sarajevo, les esprits étaient légèrement inquiets. Des bruits de guerre possible couraient dans l’air, mais nous n’en avions cure.
Il s’est passé brusquement tant de choses en si peu de temps que je dois avouer que mes souvenirs de ce moment-là s’embrouillent et se chevauchent. J’ai été longtemps persuadé que nous étions sur le point de nous mettre à table chez ma tante Emma, sœur de ma mère, quand son mari Jules Chevrier, entra un journal à la main, en disant : « On vient d’assassiner Jaurès ».
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