Dès que Pierre Detonnerre recueille un marcassin blessé, sa vie bascule du néant à quelque chose de sensé. Alors il affronte sereinement ceux qui maltraitaient sa gentillesse naturelle : sa femme et ses enfants carnivores, de soi-disant copains abusant de sa camionnette Citroën de type H.
La vie ne tient parfois qu’à un fil. Dans quel sens doit-on comprendre cette expression ? Communément, il s’agit du frêle passage de la vie à trépas, parfois si tenu et si fragile qu’on le compare à un fil. Pierre Detonnerre ne s’en préoccupait pas. D’ailleurs, il était lié par une multitude de liens, qui trop souvent l’étouffaient. Pierre Detonnerre survivait sans s’en rendre compte. Sa femme, ses enfants, ses amis, ses collègues, ses chefs, tous l’asphyxiaient, et Pierre Detonnerre par une force absurde et aveuglante continuait à vivre. Il avait bien des passe-temps, comme de longues promenades en forêt ou la mécanique d’une vieille fourgonnette Citroën de type H. Mais ces bulles d’oxygène, semblables à des séances de méditation, étaient peu de chose comparées à ce qu’il vivait en général. S’il avait eu l’occasion de réfléchir et de s’intéresser à cette expression, il aurait pu penser que, si la vie ne tient qu’à un fil, ce pouvait être dans un sens tout à fait opposé à la tradition, et considérer que, de la mort à la vie, il y a parfois aussi un seul fil, un fil à la patte ! Comme la corde qui retient le lest, mais une fois coupée, on s’envole.
Vingt bonnes minutes de lecture en compagnie d’un petit animal sauvage.
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