32. J’en ferais bien mon fumier

 

Je quittai la bouquinerie en me disant qu’il m’y faudrait revenir en civil. Je pris le chemin de la place du village avec l’intention d’aller voir l’attraction touristique de Bayencourt : les quatre crottes du cheval Bayard. Certainement quelque part rue des Rochers. C’était d’ailleurs la rue dans laquelle s’étaient engagés hier les deux clients de l’auberge après leur passage à la boulangerie. En traversant le village, les gens à leur fenêtre me regardaient passer. Ils devaient sans aucun doute penser à l’affaire et trouver bien ennuyeux que les informations ne filtrent pas plus.

Au bout de la rue des Rochers, en face d’une maison de maître, il y avait bien dans un pré quatre gros rochers, lissés par le temps. Quatre curiosités géologiques. La voilà, la fierté du village : du crottin lâché par un canasson ! Oui, mais quel canasson, le cheval Bayard ! Du crottin de légende ! Et pour tout dire, de la crotte qui se change en or dès qu’elle touche le sol, j’en ferais bien mon fumier…

En parlant de crottes, j’avais l’impression d’en avoir quelques-unes à l’auberge des Quatre Étoiles. Personne ne me semblait clair dans cette histoire. Sauf la Victorine, mais peut-être que je me laissais aveugler par sa cuisine.

– Monsieur le gendarme !

Ce qui me semblait sûr maintenant, c’est qu’il y avait quelque chose qui liait la victime aux deux autres clients. Crolle qui courait après Marou. Marou et Arlan passant la soirée ensemble, et certainement pas pour se raconter leur vie. Crolle qui devait connaître Arlan et qui le fusillait constamment du regard. Il semblerait cependant qu’Arlan ne connaisse pas Crolle. Et des livres, des manuscrits ou un tas de feuilles format A4. Sans parler des histoires de fantômes.

– Monsieur le gendarme !

L’aubergiste devait me cacher quelque chose pour être aussi serviable. Sa femme aussi en fin de compte. On ne fait pas un tel repas uniquement pour l’amour de la vérité ou par respect de l’uniforme. Et la petite Rose taisant le petit-déjeuner pour deux. J’avais bien sûr ma petite idée.

– Ouh ouh ! Monsieur le gendarme !

Hein ? On m’appelle ? Je me retournais et j’aperçus une dame sur la route devant la grille de la maison de maître.

– Monsieur le gendarme, j’ai quelque chose à vous dire à propos de l’affaire.

Tout le monde s’en mêlait, de l’affaire. Même cette bourgeoise qui ne semblait pas être du village, mais qui, en revanche, cadrait bien avec l’imposante maison.

– Bonjour, madame. Qu’avez-vous à me dire ?

– Bonjour, monsieur. Je suis Jacqueline Dausse, l’épouse du maire de Bayencourt. Voilà : hier après-midi, j’étais dans le jardin en train de soigner mes roses

– Vous habitez là ?

– Oui, cette demeure est à nous, tout comme ce pré avec ses fameux rochers. Bref, j’étais dans le jardin quand j’ai entendu une dispute de l’autre côté de la rue. Ils étaient près des rochers.

– Qui ‘ils’ ?

– Eh bien, la victime et le client frisé. J’en ai parlé à Hubert, et à ma description, il m’a confirmé qu’il s’agissait bien d’eux. La victime était assise sur l’un des rochers en train de feuilleter des livres. Le monsieur frisé a proféré des menaces à l’encontre de l’autre.

– Quelles sortes de menaces ?

– Du style : « Je ferai tout pour ça », mais aussi « Ça ne se passera pas comme ça. », et encore « Vous allez le regretter ».

– Est-ce vraiment des menaces ?

– Mais le ton y était. Le ton était vraiment menaçant.

– Je vous remercie, madame, pour votre témoignage.

– Voulez-vous entrer prendre une tasse de thé ?

– C’est gentil, mais je dois retourner à l’auberge.

Je laissais la madame du maire et notaire du village, non sans soulagement, et repris le chemin des Quatre Étoiles. Son témoignage n’apportait pas d’éléments nouveaux à l’enquête. Il confirmait une piste.

 

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